lundi 21 septembre 2009

Causette, quand lire c'est un plaisir


Depuis mars 2009 un nouveau magazine féminin français fait preuve d'inspiration et d'intelligence. Sa devise « plus féminin du cerveau que du capiton » nous invite à vérifier si ce qu'il préconise est vrai.

Causette ne fait pas appel à la publicité, en tout cas, l'intention est de rester indépendant des pubs qui encombrent les pages des magazines féminins. Il faut avouer que c'est assez troublant quand on passe d'un reportage sur un sujet grave, comme la condition de la femme dans le monde par exemple, et qu'on tombe sans transition sur trois quatre pages de pubs de produits de luxe.

Causette vit uniquement des ses abonnements et achats en kiosques. Ses récits inspirent des sentiments de vastitude, de diversité, et on se dit qu'il faut de tout pour faire un monde.
Dans l'édition de ce mois-ci, un dossier, brillamment écrit, met en lumière le clitoris, « cet ermite maltraité » Tant de choses on été déjà dites à ce propos, et c'est toujours jubilatoire de s'apercevoir qu' un texte peut encore ajouter quelque chose de nouveau, de plus inspiré. On trouve la même fraicheur, la même audace dans d'autres reportages, comme celui qui raconte le combat de Natalia Esterimova, militante des droits de l'homme enlevée et assassinée en Tchétchènie le 15 juillet, le portrait d'une famille Afghane qui se voit obligée d'envoyer son enfant en Europe. Les pratiques sadomasochistes de Catherine Robbe-Grillet, femme de lettres connue pour son journal intime de jeune femme mariée et sa vie sexuelle pas du tout conventionnelle, une interview avec Robert Crumb, et son adaptation du livre de la genèse, Brigitte Fontaine, encore plus tendre et excentrique, les nouvelles de Sophie Poirier, entre autres.

On s'informe, on s'indigne, on s'oriente. Voilà le pari de Causette.

La cerise sur le gâteau? Le magazine est entièrement illustré par des artistes comme Morpheen, Stéphane Rubini, Tignous, Emilie Siaud...Longue vie à Causette!

lundi 14 septembre 2009

J'ai découvert George Steiner il y a peu. Je suis partagée entre la peine que ça me fait, tout ce retard, et le soulagement de connaître enfin cet auteur. Je dis soulagement, car lire ses propos, connaître un petit peu sa pensée, me donne l'impression d'être un peu plus armée dans la vie et ses dilemmes. C'est pour moi rafraichissant et rassurant, l'idée qu'un homme qui a dû échapper au génocide, puisse affirmer du haut de ses 79 ans, « La haine me fatigue ». Impossible pour moi de ne pas penser à Etty Hillesum et sa foi dans la vie. Foi, lucidité et érudition, synonyme pour moi de la philosophie de George Steiner.

Je me permets de retranscrire un propos tenu par Steiner dans le magazine Philosophie du mois de juillet 2009.

Si vous deviez décrire à un jeune étudiant d'aujourd'hui ce qu'est un classique, que lui diriez-vous?

Je lui dirais qu'il y a des textes – et c'est assez mystérieux -qui, chaque fois que nous y revenons, sont plus riches qu'avant. Des textes que nous lisent plus que nous les lisons. Des textes qui changeront pour lui au cours de sa vie. Qui vont produire en lui une sorte de croissance, l'écho intérieur d'un dialogue. Être inépuisable est l'un des critères du classique. C'est pour cela qu'il est essentiel d'apprendre par cœur. Ce que vous avez appris par coeur change en vous et vous change. Et personne ne peut vous l'enlever, ni la Gestapo, ni le KGB, ni la CIA: c'est en vous, cela vous appartient. Les poèmes d'Ossip Mandelstam ont survécu dans et grâce au « par cœur » La psychologie enfantine m'horripile quand elle affirme qu'il ne faut pas charger la mémoire des enfants. Je dois tout au système du lycée français, où on apprenait tout par cœur. Je connais encore par cœur certains textes classiques, et la joie que j'en retire est constante. Enlever cette possibilité à l'enfant, c'est l'amoindrir, laisser en lui des espaces vides qui ne demandent qu'à être habités. L'expression est d'ailleurs significative: on ne dit pas « par cerveau » mais « par cœur ».


Je ne suis ni cassé, ni volé

Mais seulement démesuré -déboussolé

Mes cordes sont tendues comme la Chanson d'Igor

Et dans ma voix, après l'asphyxie,

Résonne la terre, mas dernière arme

La sèche moiteur des hectares de terre noire


(Mai-Juin 1935 – Ossip Mandelstam)


Le livre de Robert Littel, L'hirondelle avant l'orage: le poète et le dictateur s'inspire et raconte la vie de ce poète russe qui a été soumis et arrêté par le régime de Staline.


Cette semaine je serai ravi de mettre en ligne quelques amis qui on pu réciter « par cœur » des textes pour eux mémorables. A suivre.

mercredi 9 septembre 2009

Musique en Jouets



Les Arts Décoratifs exposent jusqu'au 08 novembre « Musique en Jouets ». C'est pour moi l'occasion de voir à nouveau les instruments de Pascal Comelade, ce musicien français si talentueux et extravagant. Lorsque je l'ai entendu pour la première fois sur l'album l'Argot du Bruit où il faisait un duo avec PJ Harvey, je fus très vite conquise. C'est ça le coup de foudre, non?! Quelques temps après, en me baladant dans un passage à Odeon je suis tombée sur une jolie petite exposition consacrée aux jouets musicaux de Comelade. Cet univers enchanté, peuplé d'anciens jouets mélodiques, a confirmé ma première impression: il s'agissait là d'un artiste surprenant, marginal, avec une touche d'intemporalité, et, atout indispensable à mon avis, d'une rare sensibilité. Depuis, va savoir pourquoi, dés lors que je l'écoute, je pense à l'univers du cirque avec des clowns, des magiciens, des animaux, de la musique.


Pour finir, une petite gourmandise que vous mettra peut être l'eau à la bouche.

mardi 8 septembre 2009

Scène 1 - Action!!!


Commencer quelque chose n'est pas toujours facile.

Depuis mes quatorze ans je me suis dit que j'étais faite pour ça. Que l'écriture était quelque chose de beau, quelque chose pour moi. Mais les années sont passées, et cette chose si simple ne s'est pas vraiment faite. Écrire oui, mais quoi? Qui pourrait s'intéresser à mes opinions, mes sentiments et surtout, tout a été déjà dit, non? Voilà le genre de réflexion qui m'a toujours bloqué.
Et bien, j'essaie de m'affranchir des mes peurs, des mes précautions, des mes idées conçues, de mes ratages et si le doute est toujours là, je me permets de dire « action! », car à la fin, on invente pour soi même non? Par nécessité.

J'aimerais évoquer tout ce que me touche et me fait vibrer. Voilà les sujets et l'objet de ce blog. Des bribes. Pourrai-je revenir a l'essentiel? Oui, j'essaierais. Pourrai-je arrêter de penser que tout a été déjà dit? Pourrai-je me réconcilier avec ce sentiment de singularité?

Je ne suis pas d'ici. Mais quand je suis arrivée, j'avais l'impression que je pouvais me réinventer. D'un certaine façon, je l'ai fait. Et maintenant, je souhaite tout simplement écrire, sans peur, sans honte, ni prétention.

Voilà tout.

Maintenant un petit mot sur une pièce de théâtre vue samedi soir.

« Les couteaux dans le dos les ailes dans la gueule... »

En descendant du métro Châtelet, j'essaie de me convaincre - pour justifier le fait d'être dans une rue sombre et inconnue un samedi soir - que si la pièce n'est pas assez bonne, tout va bien, il n'y a pas mort d'homme, j'aime la comédie, et les ratages nous cultivent quand même.
Alors, en rentrant, je tombe sur une cour assez belle, un théâtre un peu vide, et un bar à vin qui ne propose pas de café. Dix minutes d'attente et je suis juste très bien placée. La pièce démarre et d'emblée on sent que tout est dans le symbolique, tout est dense, tout est poésie, fantaisie et souffrance. Un désespoir presque palpable, une touche de folie, une urgence d'en finir avec cette promesse de bonheur qui ne peut être que du pur poison. Faire un point en définitif avec les rêves d' enfants qui font toujours partie de notre décor à nous.
Sujet récurent ? Sûrement oui, pourtant pas banal, juste « humain, trop humain. »

Pierre Notte excelle dans le texte et dans la mise en scène. Et puis voilà, à la fin du spectacle j'étais loin d'être apaisée. Ça bouillonnait chez moi. J'avais de l'envie et de la rage. J'avais un sentiment intense, tragique, suivi d'une petite révélation, momentanée: finalement, tout ce que je cherche dans l'art en général, c'est cela, l'élan qui va me lancer à mon tour dans la création. Mais par quel biais?
Cela passera sûrement par l'écriture. C'est peu, mais c'est déjà une certitude. Et du coup, je décide de nommer cette espace « Les couteaux dans le dos ».Non seulement en hommage à la pièce, mais aussi parce que cela me semble une évidence. Pour comprendre à quoi je fais référence, je vous suggère d'aller voir la pièce:)